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Summertime Sadness - Vendredi 1er Septembre 2017 - 21h12

Quand Koh-Lanta recommence, on sait que l’été et les vacances c’est vraiment fini.
Ça a été une journée fatigante, j’ai pas arrêté de courir dans Marseille. Entre l’inscription à la fac, au tutorat, l’abonnement de train, et n’oublions pas les 2h de bus du retour, j’ai eu l’impression d’avoir déjà repris les cours.

Mais on est pas là pour parler de ça. A la base j’ai un peu la flemme, mais je sens qu’il faut que je raconte ce qui s’est passé. Le sujet de ce soir : le concert de Kungs du 31 Août 2017.

La soirée a vraiment bien commencé, F. le fils des amis de mes parents m’avait proposé de venir avec lui et deux de ses potes, et comme je savais pas comment y aller, ni avec qui, c’était vraiment le bon plan. Bon on a pas mal galéré pour se garer mais on a fini par trouver une jolie place sur un trottoir bien large et pas trop loin du concert.
Déjà dans la voiture on s’est rendu compte du monde qu’il y avait, mais c’est en arrivant sur la corniche du Mourillon qu’on a compris l’ampleur du truc. D’après les journaux, y avait environ 20 000 personnes, et je pense qu’on est vraiment pas loin du compte, c’était dingue.
Le concert en lui même commençait à 20h mais Kungs arrivait vers 22h donc ça nous laissait de la marge pour passer la sécurité, et on en a bien eu besoin, on a commencé à faire la queue vers 21h30 et on en est sorti qu’à 22h20.
Au final on avait pas raté tant que ça, puis en plus on profite largement de la musique depuis la queue.

Mais bref, on se fraie un chemin dans la foule pour arriver à une cinquantaine de mètres de la scène, donc vraiment pas loin et bien au milieu. Son set était vraiment pas mal, on s’attendait à ce qu’il ne mixe que sa musique à lui, et au final pas du tout ! Et c’était tant mieux parce que ses musiques c’est quand même pas celles qui font le plus bouger, même si elles sont bien.

Vers 23h20 le concert se termine, toute la soirée j’avais essayé de joindre ma copine J. mais merci le Mourillon, le réseau était vraiment pourri donc impossible.
Le parking où avait lieu le concert commence à se vider, et là on décide d’aller boire un coup dans un bar à shots .
F. avance devant moi, j’essaie une dernière fois d’appeler J. tête baissée sur mon téléphone.

Et là, je lève la tête, et je tombe nez à nez avec lui.

Ça s’est passé comme dans un film, il était seul, personne autour de lui, et quand je l’ai vu j’ai bloqué. Ce qui s’est passé c’est que je n’ai pas compris tout de suite que c’était lui. Mes yeux l’ont vu sans comprendre, mais inconsciemment, j’avais compris, c’est comme si mon corps l’avait reconnu avant même que mon cerveau fasse la connexion.

Et je me vois de l’extérieur à ce moment là. Je marchais, et je me suis arrêtée net, mon sang n’a fait qu’un tour et j’ai eu comme la respiration coupé. J’étais sous le choc littéralement. Je me souviens avoir mis la main sur mon cou comme pour vérifier que respirais toujours. C’était la sensation la plus étrange que j’aie jamais eu, je tremblais tellement que j’aurais pu m’écrouler dans la seconde, c’était tellement inattendu. Je me doutais qu’il serait au concert, mais je savais que c’était improbable qu’on se croise avec tout ce monde. Mais de le voir comme ça, c’était impossible.

Quand je l’ai vu il était au téléphone, on s’est regardé droit dans les yeux, et moi je ne savais pas quoi faire. J’ai commencé à dévier de mon chemin pour l’éviter puis je me suis dit "Allez un peu de courage, on peut au moins dire bonjour". Et c’est ce que j’ai fait, la bise, et j’ai pris mes jambes à mon cou, trop choquée pour lui adresser la parole.
Entre temps il avait raccroché et me lance "Tu pars comme une voleuse" et c’était exactement ce que je voulais faire, mais j’ai rassemblé ce qui me restait d’énergie pour retourner le voir. C’était la discussion la plus bizarre qu’on ait eu depuis qu’on se connait.

Remettons les choses dans leur contexte ; on ne s’est pas vus depuis qu’on s’est quitté, c’est à dire depuis Janvier. 7 mois sans se voir, deux messages par ci par là pour se donner les nouvelles importantes mais c’est tout.
Et nous voilà en train de parler de la pluie et du beau temps comme si de rien n’était, comme si la dernière fois qu’on s’était vu on était deux amis.
J’étais tellement gênée, j’aurais voulu être avalée sur place, je savais plus où me mettre.

Et puis pour ne rien arranger, F. m’avait vue m’arrêter, donc il est venu lui aussi, et a dit bonjour à S. Le pauvre, il a été dévisagé comme jamais, il m’a dit quand je l’ai retrouvé plus tard qu’il avait compris qui c’était, juste au regard qu’il lui a lancé, il m’a avoué que dans son regard il a lu un "Mais t’es qui toi ?".
Si j’avais été à sa place je pense que j’aurais eu la même impression.

Viens le moment pour chacun de retourner avec ses potes, et le "Ça m’a fait plaisir de te voir" qui m’a achevée.
J’avais froid, j’avais perdu F. et j’avais envie de pleurer.
Par un miracle inespéré, je suis tombée par hasard sur J. et j’ai remercié je ne sais qui qu’elle soit là à cet instant précis.

J’ai craqué dans ses bras, c’était trop pour un soir, j’ai rarement pleuré comme je l’ai fait, c’était incontrôlable, comme si j’avais retenu ma respiration pendant quoi, une dizaine de minutes, et que j’avais pris une grande inspiration très douloureuse. C’était de la tristesse, mélangée à de la colère et de la frustration. Je pleurais la personne que j’aime le plus au monde et que j’ai perdu. Parce que oui, je l’aime encore comme il y a 7 mois, ou même 3 ans, c’était mon âme-sœur, et ça me tue d’aimer comme ça sans retour, j’aimerais que ça s’arrête, ça serait tellement plus simple si je le détestais.

Le fait de le revoir c’était comme une deuxième rupture, ça a réveillé des sentiments que j’essayais d’oublier et que j’avais un peu réussi à maîtriser depuis le temps, et ça m’a fait tellement mal de l’avoir en face de moi et de ne pas pouvoir lui sauter dessus comme je l’aurais fait avant, de lui dire à quel point je l’aime. Des fois j’aimerais qu’il sache tout ce que je pense, et que j’écris ici, même si ça changerait rien.

J’ai trop pleuré et ça me fatigue au sens propre.

Camille